Le Salon des Entrepreneurs de Paris a connu un franc succès cette année. Boosté à la fois par la dynamique entrepreneuriale française, qui ne se dément pas, et par la participation de nombreux territoires et acteurs privés du développement économique.
Mais quel est réellement l’impact de l’entrepreneuriat dans nos régions ? Ce salon a-t-il réellement un intérêt pour les territoires français et ruraux ? N’est-il pas finalement destiné à Paris et à son écosystème ?
Afin de répondre à cette question il convient de prendre en considération deux éléments :
- Les mutations du monde du travail et des attentes des français
- La maturité des territoires hors Ile de France à saisir les opportunités
Force est de constater que la population de porteurs de projets, présente au Salon des entrepreneurs est plutôt issue de la région parisienne. Ce qui en soit ne fait que renforcer l’intérêt pour les territoires hors Ile de France de se rendre à ce salon et à y exposer, afin de tenter de les attirer.
Le premier enseignement de ce salon est la confirmation de la dynamique entrepreneuriale en France avec 815 000 créations en 2019. Un record qui fait de la France le premier pays d’entrepreneurs en Europe. Cela confirme donc les grandes mutations du monde du travail en cours. Un français sur deux souhaite créer son entreprise. Ce chiffre est le même depuis de nombreuses années. La différence est que désormais bon nombre d’entre eux passent à l’acte, comme si la peur, les barrières psychologiques et administratives avaient disparu. Des français peut-être également inspirés par le regard nouveau vis-à-vis des entrepreneurs, « starifiés » depuis quelques années, enviés pour leur réussite et leur dynamisme.
Les motivations sont multiples mais elles résident également dans la recherche d’un idéal professionnel, de sens au travail et d’une plus grande qualité de vie. C’est en cela que cette mutation des comportements vis-à-vis de l’entrepreneuriat est une réelle opportunité pour les territoires. Qui peut également impacter et redessiner le territoire.
Car bon nombre de ces entrepreneurs sont mobiles, et aspirent à regagner en qualité de vie, à fuir les grandes villes et leurs contraintes. Ils souhaitent allier leurs projets entrepreneuriaux avec leurs projets personnels et familiaux. Autrement dit, ces entrepreneurs sont de véritables « prospects qualifiés », pour les territoires désireux d’attirer de la population qualifiée et ambitieuse. C’est cette profonde mutation du monde du travail avec notamment le nomadisme souvent associé à l’entrepreneuriat moderne qui est en mesure de redessiner la répartition des richesses sur les territoires par un phénomène d’exode urbain.
Mais cette population est aussi exigeante et réclame un niveau de service à la population important. Il est par conséquent indispensable pour les territoires désireux d’attirer ces actifs mobiles, à la fois d’enclencher une réelle stratégie de marketing territorial afin de faire connaitre le territoire et ses avantages, mais aussi de mettre en évidence le niveau de service à la population (éducation, santé, accessibilité, tiers-lieux…). Il est nécessaire de trouver la bonne structure territoriale pour porter la stratégie de marketing et à la véhiculer auprès d’un public de parisiens entrepreneurs. Pour ce faire, une politique globale d’attractivité doit être engagée, aussi bien sur le fonds que sur la forme.
Alors oui, la dynamique entrepreneuriale française est propice au « nomadisme » de la population et par conséquent à une nouvelle répartition des richesses. Elle engendre déjà des retombés sur les territoires qui ont su saisir l’opportunité, en alliant une véritable politique d’attractivité avec une amélioration de leurs capacités d’accueil de ces populations. En cela, le Salon des Entrepreneurs peut se révéler une opportunité intéressante, vecteur d’image et d’attractivité pour les territoires.
Outre l’opportunité de convaincre de nouveaux candidats à l’exode, ce salon peut aussi être une opportunité d’enclencher une dynamique territoriale de marketing, de rassembler l’ensemble des acteurs dans le but de développer une stratégie cohérente de valorisation du territoire.
Quoi qu’il en soit, l’action prévaut toujours sur la passivité, même si les retombés directes, concrètes et à court terme ne sont pas toujours à la hauteur des espérances sur ce type de manifestations. Mais les actions de promotion de ce type sont rarement quantifiables sur le court terme et portent leurs fruits sur le long terme.
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