Espace de coworking, de télétravail, télécentres, flexioffices autant de nouveaux noms souvent peu compréhensibles pour les non-initiés, mais derrière lesquels se cachent de profondes mutations sociétales. Ces tiers-lieux, comme on les nomme, se définissent avant tout comme des lieux de travail flexibles, collectifs et regroupant l’ensemble des services nécessaires à l’exercice d’une activité professionnelle. Ce qui les différencie reste principalement les services, ainsi que des spécificités de fonctionnement axées sur le travail collaboratif, l’animation, la mise en réseau… Ces spécificités dépendent à la fois du lieu d’implantation de ces tiers-lieux et du public cible, permettant donc une totale adaptabilité aux besoins de coworkers ou télétravailleurs.
Leur développement est exponentiel depuis plusieurs années, aussi bien sur les territoires urbains que ruraux, du fait notamment des mutations des habitudes de travail, du développement de la technologie et de la recherche de la minimisation des temps de transport.
Mais ces nouveaux lieux de travail ne s’adressent plus exclusivement aux start-uppers, professions libérales, autoentrepreneurs, ni exclusivement aux plus jeunes. Le développement de ces tiers-lieux est largement favorisé par la croissance du nombre de télétravailleurs en France.
Le télétravail et le coworking ne sont pas des lubies des générations Y et Z, destinés à des marginaux du monde du travail, contrairement à ce que pourraient croire les non-initiés, mais bel et bien un changement profond des habitudes de travail qui bouleverse et va totalement révolutionner le paysage français et international.
Tous les chiffres démontrent que cette mutation est profonde. Tout a commencé par le constat, preuves à l’appui, que le télétravail est propice à l’épanouissement personnel et professionnel en plus d’être favorable à une meilleure productivité. Autrement dit, le constat que le télétravail était bénéfique pour l’entreprise et le salarié. Cela a permis de faire tomber bon nombre de barrières, de favoriser la mise en œuvre d’accords et d’une législation favorable dans le secteur public et privé. Cela renforce ainsi le tsunami national déjà engagé par les indépendants, autoentrepreneurs, professions libérales adeptes de cette mobilité et flexibilité professionnelle.
D’ici 2030 plusieurs études démontrent que 50 % des travailleurs seront nomades. Qu’ils seront susceptibles de travailler d’où ils le souhaitent et ainsi maîtriser à la fois leur lieu de vie et professionnel. L’évolution du télétravail engendre donc de nombreuses opportunités, pour les travailleurs eux-mêmes bien entendu, mais également pour les territoires. Cette nouvelle perception du travail et de la mobilité, couplée à une volonté croissante des individus à regagner de la qualité de vie en fuyant souvent les contraintes urbaines trop fortes, risque de redessiner le paysage français et redynamiser bon nombre de territoires. Du moins ceux qui seront susceptibles de répondre à ces nouvelles attentes professionnelles et personnelles.
Les tiers-lieux apparaissent donc clairement comme des outils concrets permettant de répondre à deux enjeux territoriaux majeurs :
― l’attractivité de nouvelles populations actives ;
― la mise en place d’un service adapté pour les populations locales.
Les territoires doivent donc comprendre et anticiper au plus vite cette opportunité, en se donnant les moyens d’être attractifs pour ces populations nomades ou semi-nomades. Cela passe par une prise en compte de leurs attentes et de leurs besoins, qui peuvent être relativement différents de ceux des populations locales en matière, notamment, de services.
L’enjeu de ces réflexions est majeur pour inverser ou du moins rééquilibrer au plus vite le phénomène migratoire, et ouvrir de nouvelles perspectives de développement pour les territoires ruraux ou semi-ruraux. Avec des bénéfices en termes d’augmentation de la population active, rajeunissement, développement de l’économie résidentielle notamment, dynamisation de l’économie locale, décloisonnement social… Ces tiers-lieux se développent donc très rapidement avec plus ou moins de succès selon les projets.
La mise en place d’un tiers-lieu est clairement la première étape structurante, visible et exploitable pour répondre aux nouveaux enjeux de la mutation du monde du travail, aussi bien pour les populations locales que pour répondre aux attentes des nouveaux arrivants. Tel un outil moderne, dans l’air du temps, beaucoup de territoires se lancent dans l’incitation, voire la réalisation de ce type de lieux qu’ils espèrent voir devenir des outils concrets de dynamisme local et d’attractivité.
Mais pour se faire, il convient de bien appréhender ces nouvelles valeurs et de les exploiter correctement. Ainsi, chaque territoire doit tenir compte à la fois de ses besoins et de sa stratégie globale en matière de développement, de ses spécificités socio-économiques et culturelles, et déterminer ce qu’il peut attendre du développement et de la mise en place d’un tiers-lieu.
Comme nous l’avons vu, le tiers-lieu doit être parfaitement intégré à son environnement et répondre aussi bien aux besoins des populations locales qu’aux besoins des futurs résidents pour être efficace. Il n’est pas à lui seul un outil suffisant d’attractivité, mais doit intégrer une vision globale d’attractivité territoriale. Compte tenu de la situation actuelle, il deviendra rapidement indispensable sur le territoire souhaitant attirer ou conserver un niveau de population active convenable, mais ne sera pas un niveau de différenciation suffisant par rapport aux autres territoires « concurrents ».
Il doit être pensé en amont, en matière de niveau de services, de population cible, d’outil de marketing territorial au service du développement local. Et pour se faire il se doit d’intégrer les forces vives déjà présentes sur le territoire, institutionnels, entrepreneurs, associations, à même de dynamiser le lieu et de le faire rayonner bien au-delà des frontières.
Quels sont alors le rôle et la responsabilité de la collectivité dans ce type de projets complexes ?
L’histoire a démontré que les initiatives 100 % publiques ne fonctionnaient pas. Pour plusieurs raisons :
― nécessité d’un fonctionnement flexible ;
― mise en place d’une prestation adaptable ;
― besoin de fédérer l’ensemble des acteurs du territoire.
Alors, comment engendrer un projet de tiers-lieu, compte tenu du fait que sa vocation est clairement d’œuvrer pour l’intérêt général, mais que son fonctionnement et sa légitimité passent par une mobilisation de l’initiative privée locale ?
La responsabilité et le pouvoir de la collectivité résident dans sa capacité à impulser et sécuriser des initiatives par la prise en charge d’études de positionnement, la mise en place d’un écosystème propice, l’accompagnement des initiatives et la réalisation d’investissements. Ceci pour s’assurer du succès du futur tiers-lieu et de sa complémentarité avec les autres initiatives en matière de développement économique.
Réaliser une étude d’opportunité mettant en évidence les facteurs clés de succès en fonction des spécificités territoriales est donc une première étape primordiale. Qui servira autant à déterminer les spécificités du lieu (public cible, lieu, prestations et services) qu’à faire émerger des envies et converger des initiatives.
La création de tiers-lieux peut donc devenir un véritable outil d’attractivité et de dynamisme économique pour les territoires. La recherche croissante d’une meilleure qualité de vie et les profondes mutations du monde et des habitudes de travail tendent à démontrer qu’il sera indispensable, voire primordial, pour des territoires ruraux et semi-urbains d’inciter à la création de ces outils économiques structurants.
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merci thomas pour ces éléments
Ces espaces sont en effet innovants et attirent la lumière pour des élus en mal d'innovation et d'image. Mais et comme tu le sais les attendus doivent être bien identifiés.
L'autre question est celle du modèle économique sachant que ce type d'espace stricto sensu n'est jamais rentable ( idem pépinières) . Qui dit Modèle éco, dit offre de services et le panel est très large et c'est finalement là que réside l'enjeu, Le Coworking n'est qu'un outil parmi d'autres d'une politique publique. L'exemple de la seine et marne qui a cru démultiplier son offre en la matière illustre bien les limites de l'exercice - en revanche toujours en S & M, on a l'exemple …